ASCO 2013 : Impact des traitements adjuvants sur la récidive locale et métastatique des patients atteints de sarcomes des tissus mous présentant des risques concurrents.
Abstract n° 10575
Auteur(s) : Antoine Italiano, Axel Le Cesne, Jean Mendiboure, Jean-Yves Blay, Sophie Piperno-Neumann, Christine Chevreau, Corinne Delcambre, Nicolas Penel, Philippe Terrier, Dominique Ranchere-Vince, Marick Lae, Sophie Le Guellec, Jean-Jacques Michels, Yves Marie Robin, Sylvie Bonvalot; Institut Bergonié, Bordeaux, France; Institut Gustave Roussy, Villejuif, France; Clinical and Epidemiological Research Unit Institut Bergonie and Inserm CIC-EC7 (Clinical Investigation Centre Clinical Epidemiology), Bordeaux, France; Centre Léon Bérard, Lyon, France; Institut Curie, Paris, France; Institut Claudius Regaud, Toulouse, France; Centre François Baclesse, Caen, France; Centre Oscar Lambret, Lille, France
Contexte : Un risque concurrent est le risque de survenue d’un événement interférant avec la probabilité de rencontrer un résultat d’intérêt spécifique de la maladie. En réalité, la survenue d’un risque concurrent (par exemple décès dû à une rechute locale ou à une autre cause) empêche l’apparition de l’événement d’intérêt (par exemple la rechute métastatique) ou modifie au moins sa probabilité. Le risque concurrent est ignoré de la méthode Kaplan Meier et l’analyse de survie selon le modèle de Cox. Méthodes : 3369 patients adultes présentant un sarcome des tissus mous localisé ont été prospectivement inclus dans la base de données du Groupe Sarcome Français (GSF) entre janvier 1990 et décembre 2009. Les résultats d’intérêt étaient les probabilités cumulées de rechutes locales et métastatiques avec le décès comme risque concurrent. Les estimations et 95% d’intervalles de confiance (CIs) ont été calculés avec la fonction d’incidence cumulée. Résultats : La médiane de suivi était de 4.5 ans. L’incidence cumulée de rechute locale à 1 et 5 ans était respectivement de 6.4% (95% CI 5.6-7.3) et 25.9% (95% CI 24.2-27.6). L’âge, le sous-type histologique, le site anatomique et le grade étaient indépendamment associés à une probabilité cumulée de récidive locale. Après un ajustement de ces facteurs pronostiques, la radiothérapie adjuvante a montré un impact significatif sur la récidive locale (HR=0.5 95% CI 0.4; 0.6, p <0.001). La magnitude de cet effet était similaire quel que soit le grade ou le site anatomique. En raison de l’effet compétitif du décès, la chimiothérapie adjuvante n’avait pas d’impact majeur sur la probabilité cumulée de récidive locale. L’incidence cumulée de rechute métastatique à 1 et 5 ans était respectivement de 7.4% (95% CI 6.5-8.3) et 26.9% (95% CI 25.2-28.7). La profondeur de la tumeur, le sous-type histologique, la taille de la lésion tumorale et le grade étaient indépendamment associés à l’incidence cumulée de récidive métastatique. Après ajustement de ces facteurs pronostiques, la chimiothérapie adjuvante s’est révélée avoir un impact significatif sur la rechute métastatique (HR=0.5 95% CI 0.4-0.7, p < 0.001) chez les patients de grade 3 mais non chez les patients de grade 2 (HR=1.3 95% CI 0.9-1.9, p= 0.1). Conclusions : La radiothérapie adjuvante a été associée à une diminution du risque de récidive locale même chez les patients présentant un risque élevé de décès concurrent d’une maladie métastatique ou d’autres causes. La chimiothérapie adjuvante était associée à une amélioration du taux de récidive métastatique chez les patients ayant une maladie de grade 3 mais pas chez ceux ayant une maladie de grade 2.