CTOS 2013 : SESSION "SARCOMES A GENETIQUE COMPLEXE"
Session du samedi 2 Novembre 2013.
Résumé du Dr Nicolas Penel, Centre Oscar Lambret - Lille.
Cette session s'intéressait aux sarcomes à génétique complexe et comprenait quatre communications.
La première communication, du Pr Eva Hernando (NYU School of Medicine, New-York) est une présentation analysait des sarcomes indifférenciés et des léiomyosarcomes. L'équipe a utilisé deux approches complémentaires assez complexes. La première étape consistant en l'analyse de 40 tumeurs de patients atteints de sarcomes indifférenciés et de léiomyosarcomes. Pour ce faire, les américains ont utilisé une technique afin de rechercher jusqu'à 1447 mutations différentes sur 116 gènes. Dans les 2/3 des cas, des mutations concomittantes sur deux voies : la voie P53 qui gère le cycle cellulaire et l'apoptose, et la voie Pten qui est une des voies de transduction du signal. Devant ces résultats, ils ont donc construit des lignées de souris mutées pour P53 et Pten et ont observé que ces souris présentaient de moins bonnes survies que des souris normales. Que ces souris avaient un taux important de développement de sarcomes spontanés (20 à 40%) et que ces sarcomes étaient essentiellement des sarcomes indifférenciés ou des carcinosarcomes. L'étude de la biologie de ces tumeurs spontanées a été réalisée et à permis d'observer que ces tumeurs pouvaient être sensibles à des médicaments qui inhibent Notch.
La deuxième communication, du Dr Vivek Subbiah (MD Anderson, Houston), rapporte l'expérience de l'équipe américaine menée sur 57 patients chez lesquels des biopsies de tumeurs ont été réalisées, les anomalies biologiques analysées et des traitements ciblées proposés dans le cadre d'études cliniques. Dans les 2/3 des cas, des anomalies biologiques accessibles aux traitements dans les deux tiers des cas ont pu être identifiées. Ces observations étant posées, l'orateur a ensuite procédé à une série de présentation de cas qui n'a cependant pas permis de tirer de conclusion si ce n'est une simple accumulation de cas cliniques traités par différents traitements. A savoir, en France, une étude clinique : le protocole "Shiva", piloté par le Dr Le Tourneau à l'Institut Curie et qui propose une approche un peu plus cadrée.
La troisième communication, faite par le Dr Agnieszka Wozniak (KU Leuven and University Hospital, Louvain) présente une étude de l'EORTC qui porte sur les mécanismes de sensibilité ou de résistance d'un nouveau médicament appelé "Eribuline" issu d'une éponge des mers japonaises, qui a été testée dans une étude de phase 2 par l'EORTC et qui a montré une certaine activité pour les léiomyosarcomes, les liposarcomes et les autres sarcomes. Actuellement, cette molécule est testée en association avec la Doxorubicine ou en comparaison contre la Dacarbazine dans deux études cliniques. L'équipe a utilisé différentes approches d'analyse des mécanismes de résistance ou de sensibilité de l'éribuline. Comme on pouvait s'y attendre, ils ont trouvé des molécules plus ou moins exprimées chez les patients qui répondaient au traitement et chez ceux qui ne répondaient pas. Certaines de ces molécules sont communes à la sensibilité ou à la résistance, d'autres médicaments agissant sur le fuseau mitotique.
La quatrième communication qui est assez originale, rapportée par le Pr Toshiyuki Kunisada (Okayama University, Okayama), présente une étude japonaise qui a essayé de mettre en place une technique permettant de repérer dans le sang des patients la présence de cellules tumorales circulantes. Il s'agit de 22 patients atteints de sarcomes chez lesquels des prélèvements sanguins ont été effectués afin de rechercher la présence de cellules tumorales circulantes de sarcomes, avec une approche originale. Il y a sur les cellules tumorales une enzyme tumorale appelée la "Télomérase" qui rend les cellules tumorales plus sensibles à un virus appelé "adénovirus". L'équipe a donc recherché les cellules affectées par l'adénovirus. Des cellules tumorales circulantes ont été trouvées chez 50% des patients. La vraie question est de savoir si la présence de ces cellules tumorales circulantes peut avoir une valeur pronostique dans les sarcomes comme elle en a actuellement dans le cancer du sein ou de la prostate mais pour le moment ces travaux restent trop préliminaires pour pouvoir apporter des éléments de réponse.
Au total, quatre présentations de recherche translationnelle très intéressantes. Une remarque générale : La première présentation portait sur 40 patients, la seconde sur 57 patients, la troisième sur 68 patients et la dernière sur 22 patients uniquement. Ce sont à chaque fois des études menées sur des effectifs très petits qui ne permettent pas de tirer de conclusions sur un plan statistique. Des études avec un effectif beaucoup plus large, et une hypothèse de départ seront nécessaires pour progresser.